Je pousse la porte du Lupin d'un coup d'épaule et manque de tomber en entrant. Je referme soigneusement derrière moi et me laisse tomber au sol où je reste sans bouger avant de finalement tomber doucement dans l'inconscience.
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Lorsque je rouvre les yeux, je suis allongé dans un lit qui n'est pas le mien. Je me redresse doucement et parcours la pièce des yeux avec un léger sourire. Je suis dans une des chambres au-dessus de mon bar. Ce qui règle la question du où, reste maintenant à savoir comment j'ai atterri là, et combien de temps je suis resté inconscient. J'appuie mon dos contre la tête de lit et tente de rassembler mes souvenirs à la recherche d'une explication.
Si je me souviens bien, tout a commencé avec cette tempête de neige. Peut-être est-ce à cause – grâce à ma gemme, mais j'ai senti dès les premiers flocons que quelque chose n'était pas normal. Et je n'étais pas le seul. Il a fallu quelques jours au Conseil – le temps que le blizzard prenne une dimension trop importante pour un simple phénomène météorologique – mais s'ils m'ont convoqué ce matin, c'est bien parce qu'ils ont également compris. Je n'avais heureusement aucune information à leur communiquer, alors l'entretien a été bref. Mais c'est là que les ennuis ont commencé.
Je connais suffisamment Onyx pour deviner sans mal son projet : identifier le.a ou les responsables de cette tempête et le.a convaincre de venir travailler pour l'obsidienne... Ou récupérer la gemme en cas de refus. Ce qui n'est pas un mauvais plan, une puissance telle ne nuirait certainement pas à l'Obsidienne. Ce qui pêche en revanche c'est la nature du cerveau de l'opération : tête-brûlée et impulsive, le pire combo possible pour un plan qui demande au contraire patience et subtilité. De toute façon Onyx ne se serait jamais lancée sans m'en parler, autant dire que j'ai eu le prétexte idéal pour me greffer sur son petit projet. Et je suis content de l'avoir fait, partir seul aurait été une mission suicide.
Heureusement nous nous sommes sortis en entier, et sans blessure si ce n'est ma cheville en vrac. Je risque de ne pas pouvoir prendre appui dessus avant quelques jours, c'est bien ma veine. J'essaye de la bouger doucement, mais elle est fermement maintenue, et la douleur me dissuade de pousser mon investigation plus loin pour l'instant. Mieux vaut de toute façon rester assis pour l'instant.
Je me souviens qu'après le fiasco de cette nuit, Onyx m'a soutenue sur ses épaules pour me ramener jusqu'au Lupin. Je me souviens également avoir franchi le seuil, et de la sensation de chaleur presque brûlante tant le froid extrême à l'extérieur m'avait transi. Je me souviens du bois dur dans mon dos et du sol sous mes doigts. Après ça, plus rien. J'ai du perdre connaissance et me retrouver... Ici, à l'étage. J'extirpe mon bras de sous la couverture et pose ma main dessus : tiède, j'ai donc été inconscient plus de quelques minutes, probablement quelques heures à en juger par les traits de lumière qui s'échappent de la fenêtre. Voilà pour le quand.
Reste le comment. Je n'ai qu'un locataire actuellement au-dessus du Lupin. La deuxième chambre me sert lorsque, pour une raison ou une autre, je n'ai pas intérêt à rentrer à la Résidence Falcone, et la troisième... La troisième, vous ne souhaitez pas connaître son utilité, croyez-moi. Avec le blizzard, dehors, le bar était vide, il n'y a donc que mon unique locataire qui a pu me transporter jusqu'ici. Et voilà pour le comment.
J'entends des bruits de pas familiers dans l'escalier, et profite des quelques minutes qui me séparent de l'arrivée de Markus pour arranger ma chemise défaite. La poignée de la porte tourne doucement, et je pose les yeux sur la silhouette dans l'embrasure.
«
Bonjour Markus » je le salue poliment. «
J'ai dormi longtemps ? » je demande après une légère pause.