Quelques potins pour bien commencer la journée

La journée avait débuté de manière, somme toutes, assez classique. Le soleil s’était frayé un chemin dans la chambre de la jeune princesse, réchauffant peu à peu l’auréole presque stellaire qui l’entourait. Nala s’était réveillée avant sa maîtresse, et s’était fait un devoir de chasser morphée de la chambre d’Isabelle.

Aujourd’hui, il n’était pas prévu qu’elle déjeune dans sa chambre : si elle se permettait parfois ce luxe – principalement lorsqu’elle avait pour projet de s’évader en ville, ou qu’un entrainement l’attendait à l’aube – elle était attendue, aujourd’hui. Et, quand bien même elle n’avait aucune envie de prendre le déjeuner en compagnie d’Alice et Idriss, elle ne se sentait pas capable de s’y dérober. A vrai dire, elle n’avait surtout jamais eu le courage de faire savoir qu’elle ne souhaitait plus entretenir de contacts avec sa famille biologique et, peu à peu, ce qui était censé être une faveur afin de l’accompagner dans son acclimatation au palais était devenue une contrainte.

Ravalant la culpabilité qui ne manquait jamais de poindre lorsqu’elle s’autorisait brièvement ce type de pensée – n’était-elle pas censée aimer sa famille ? – Isabelle s’était levée, cherchant à revoir pour la énième fois la tenue qu’elle s’était choisie.

Une robe longue d’un bleu céruléen, s’accordant à merveille avec ses eux azur, qui descendait sous ses genoux et était, somme toutes, assez simple – il n’en avait jamais fallu beaucoup pour mettre sa silhouette en valeur, de toute manière. La seule fantaisie de cette robe résidait en son col remontant sur le cou de la princesse, tout en laissant une ouverture au niveau de la naissance du décolleté – pile à l’endroit où viendrait se loger la gemme principale d’Isabelle.

Elle porterait des chaussures plates – elle privilégiait le confort – et s’apprêtait à vérifier les bijoux lorsque tu fus annoncée. Un sourire s’installa naturellement sur les lèvres de la jeune princesse lorsque tu entrais dans la pièce.

Tu n’étais sa dame de compagnie que depuis quelques années, mais elle ne pouvait nier que le courant était immédiatement passé avec toi. Peut-être parce qu’elle avait vu en toi la mère qu’elle n’avait jamais eu ? Quoi qu’il en soit, la blonde s’était vite attachée à toi, et te confiait la plupart de ses secrets… à part sa réticence à l’encontre de sa famille biologique.

Non pas qu’elle ne te fasse pas confiance, loin de là. Mais il y avait quelque chose dans ton regard, parfois… cela ne durait qu’un instant, et pourtant, elle était persuadée que tu faisais partie de ces personnes qu’il n’était pas recommandé de chercher. Or, elle n’était pas tout à fait certaine que sa famille biologique s’en sortirait sans heurts, si elle venait à avouer ce qui se disait une fois les portes fermées – ce qui prouvait que, d’une certaine manière, elle était consciente que ces paroles n’étaient ni justifiées, ni normales. Et, plus que tout, Isabelle désirait éviter les conflits.

-Bonjour Cristal.

Son regard parcouru rapidement la pièce, et la domestiques qui était venue préparer les différents assortiments de bijoux et tenues pour la princesse prit congé, vous laissant seule. Isabelle s’assit face à la coiffeuse, croisant ton regard dans le miroir.

-Oui, cette lotion fait décidément des miracles. Il faudra que vous me disiez où vous vous l’êtes procurée ! je crain d’en être rapidement à court…

Elle laissa échapper un petit rire pour garder l’atmosphère légère. En effet, elle avait passé le plus grand soin à se préparer pour la rencontre du jour : elle n’était que trop consciente que rien ne lui serait pardonné, et avait encore l’espoir qu’un jour, on ne trouve rien à lui reprocher.

-Nous ne sommes que toutes les deux, vous savez. Vous pouvez m’appeler Isabelle.

Elle était bien consciente qu’une telle familiarité ne pouvait être permise en public, mais elle devait bien avouer que parfois, tout ce protocole et ces simagrées lui pesaient. Pour autant, elle ne t’en voudrait pas si tu ne souhaitais pas passer ce pas.

Revenant à ta question, elle prit quelques instants pour réfléchir à sa réponse, et laissa échapper un mince sourire.

-Je dirais que ma nuit a été plutôt agitée. J’espère que cela ne se voit pas trop ?

Elle était toujours inquiète, lorsqu’elle devait rencontrer sa famille. Mais, évidemment, cela n’était pas la seule source de son inquiétude : les rumeurs allaient bon trains, au palais, et si elle se devait d’en être informée, elle ne pouvait s’inquiéter des conséquences que celles-ci pourraient avoir… et de leur fondement.

-Et vous, Cristal ? Comment allez-vous ?